C’est le
premier roman de Djamel-Eddine Selhab. Il raconte l’histoire d’une famille dont
les racines débutent à Ouled Adi, un petit village du Hodna, près de M’sila et
qui étendra ses ramifications jusqu’à Alger. Aïcha, fille unique de si Mohamed
et de lla Zhor, vivra centenaire et fondera une grande famille.
Après un
premier mariage raté avec si Mahmoud, un notable sans scrupules, elle épouse Si
Kaddour. D’abord paysan, il devient couturier à Alger avant d’ouvrir son propre
atelier de confection. Aïcha quitte son village où les conditions de vie sont
des plus rudes pour une vie plus confortable dans la capitale. A La Casbah où
elle réside dans un premier temps, elle trouve chaleur et sympathie auprès de
lla Mouni, sa locatrice qui l’initie à la vie citadine. «En été, les femmes
préparaient la aoulade l’hiver en conservant les légumes de saison... La vie
s’écoulait ainsi avec ses surprises et ses déceptions. Aïcha oublia
complètement son village natal.
Elle était
devenue une citadine sous la coupe de lla Mouni qui lui transmettait tout son
savoir.» (P.81). Parallèlement à la vie de Aïcha, le lecteur plonge dans les
événements qui ont manqué l’Algérie au cours du XXe siècle : les expropriations
coloniales, la guerre de Libération nationale, le bombardement d’Alger lors de
la Seconde Guerre mondiale... «C’était faire preuve d’une naïveté déconcertante
que de croire les Français aussi magnanimes pour abandonner un pays aussi
riche. La vengeance fut terrible : quarante-cinq mille Algériens furent
massacrés en très peu de temps...» (P.95).
Aïcha, la
matriarche est autoritaire. Elle veut que ses enfants et petits-enfants lui
obéissent au doigt et à l’œil. Elle ne comprend pas que les temps ont changé,
exigeant de régner en maîtresse absolue sur sa tribu. «C’était toujours les
personnes âgées qui reprenaient le flambeau en perpétuant les valeurs non sans
les avoir un peu modifiées... Maintenant que son tour était venu on lui déniait
ce droit, elle qui s’était toujours pliée de bonne grâce aux valeurs ancestrales
et à ses aînées»... (P.137). Une écriture fluide et un roman attrayant qui se
laisse lire avec plaisir !
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